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mercredi 20 octobre 2010

Liberté de la presse : la France pointe à une piteuse 44ème place ...

Aujourd'hui, Reporters sans frontières -RSF- a publié son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde. La France se situe à une place relativement mauvaise, à savoir la 44ème. Elle est devancée par des Etats comme la Jamaïque, le Costa Rica ou le Mali, qui font montre d'un esprit plus démocratique en matière de liberté de la presse, selon l'organisation non gouvernementale -ONG-. Depuis le premier classement en 2002, la France a perdu la bagatelle de 33 places, un record !

De manière générale, l'Union européenne est sévèrement critiquée par RSF : "si elle ne se ressaisit pas, l'Union européenne risque de perdre son statut de leader dans le domaine du respect des Droits de l'Homme". En matière de liberté de la presse, si certains Etats européens, comme les pays scandinaves ou ceux du Bénélux, trustent les premières places, d'autres, tels que la France, l'Italie, la Roumanie et la Bulgarie, soulèvent une inquiétude croissante.

Selon RSF, cette hétérogénéité à l'échelle européenne s'explique, en partie, par le comportement du pouvoir politique à l'égard de la presse. L'ONG précise qu'en France, "l'année 2010 a été marquée par plusieurs agressions contre des journalistes, des mises en examen, des violations ou tentatives de violation du secret des sources et surtout un climat lourd de défiance envers la presse [...] Ces mots ont eu une résonance mondiale et, dans beaucoup de pays, le gouvernement français n'est plus considéré comme respectueux de la liberté d'information".

Les mots sont forts ... Pour autant, difficile de soutenir la thèse contraire. Il suffit de songer à toutes les affaires qui ont éclaboussé le milieu politique cette année, au premier rang desquelles figure l'affaire Woerth, pour comprendre ce "climat lourd de défiance envers la presse". Le milieu politique actuel étant loin d'être exemplaire -affaire Pasqua, affaire de Karachi, Clearstream auparavant etc.-, les journalistes sont perçus comme une menace, dans la mesure où ils peuvent, de par leur investigation, révéler tout ou partie d'un secret qui s'avérerait dérangeant pour la carrière d'un Homme politique. Cependant, les politiciens ont également besoin de la presse ; en effet, en relayant leurs déplacements, leurs actions, la presse effectue une forme de publicité aux Hommes politiques qui leur est primordiale. En ce sens, la presse est une agence de communication. Ainsi, les politiciens aimeraient jouir de cet avantage, sans avoir les inconvénients liés aux investigations des journalistes. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que la force de la presse réside justement dans sa capacité à relayer toute information ; en somme, d'être un contre-pouvoir, comme aiment à le dire certains.

Par ailleurs, d'autres facteurs non mentionnés par l'ONG ont de quoi inquiéter ; la volonté de Serge Dassault, ancien élu UMP et propriétaire du Figaro, de racheter le Parisien a de quoi soulever quelques craintes justifiées. Epinglé dans le passé pour s'impliquer de manière disproportionnée dans la ligne du journal, pourtant déjà bien ancrée à droite, il ferait du Parisien un Figaro bis qui, par essence, restreindrait la liberté des journalistes de ce journal, ayant la réputation d'être indépendant.

Le fait que certains Etats, qui ne soient pas des symboles de démocratie, surclassent la France en matière de liberté de la presse devrait donc amener les autorités politiques, au premier chef le gouvernement, à être moins intrusives et à respecter scrupuleusement le principe précité. Si la France est loin d'être la Chine, elle peut néanmoins faire beaucoup mieux, comme le souligne sa dégringolade dans le classement depuis 2002.

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