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jeudi 14 octobre 2010

Les hooligans serbes peuvent-ils mettre en péril la finale de la Coupe Davis prévue à Belgrade ?

Après les débordements ayant eu lieu à Gènes, lors du match de football Italie-Serbie -cf vidéo-, interrompu au bout de six minutes pour des jets de fumigènes à répétition perpétrés par des hooligans serbes, la Fédération internationale de tennis -FIT-a voulu se montrer rassurante.

En effet, est programmée début décembre la finale de la Coupe Davis de tennis, qui opposera la Serbie à la France, à Belgrade. Etant donné la montée du hooliganisme en Serbie, des craintes ont commencé à voir le jour quant à la capacité des autorités serbes à contenir les supporters de l'Etat balkanique. Le Président de la FIT, Francesco Ricci Bitti, s'est exclamé : "nous allons nous concerter avec la Fédération serbe de tennis, mais il n'y a pas de raison particulière de s'inquiéter [...] J'étais à Belgrade deux fois cette année [...] dans les deux cas, c'était un véritable spectacle sportif avec vingt mille supporters qui applaudissent".

Des propos qui ne corroborent qu'en partie avec ceux de Guy Forget, le capitaine de l'équipe française de Coupe Davis. En effet, le mois dernier, celui-ci avait prévenu que l'ambiance à Belgrade risquait d'être torride et hostile -tout peut être interprété à partir d'une telle déclaration ...-. Il est vrai que le public serbe, l'un des plus nationalistes au monde, attend avec impatience le sacre de son équipe de tennis. Souvent décriée et mise au ban sur la scène internationale ces dernières années -pour la guerre en Ex-Yougoslavie et le Kosovo notamment-, la Serbie s'est progressivement réfugiée dans le sport, véritable vitrine d'une splendeur passée. Toujours respectée et crainte sur le plan footballistique -les yougoslaves étaient auparavant surnommés les "brésiliens d'Europe"-, performante dans tous les sports collectifs -vice-championne des Jeux Olympiques d'Atlanta en basket-ball (1996), championne olympique aux jeux d'Athènes en volley-ball (2004), toujours bien classée en handball-, la Serbie excèle aujourd'hui dans un sport individuel : le tennis.

A travers le sport, le peuple serbe a donc trouvé l'occasion de réaffirmer la fierté d'un Etat qui, depuis le début des années 90, s'est senti humilié et piétiné. Néanmoins, agir ainsi comprend des risques majeurs ; les valeurs du sport dénaturées, politisées, ont conduit à la radicalisation d'un phénomène croissant en Europe de l'Est : le hooliganisme. Grâce à un terreau fertile, lié à des conditions économiques et sociales encore difficiles -45% de la jeunesse serbe serait au chômage-, le hooliganisme serbe est tragiquement devenu l'un des symboles de l'exacerbation du sentiment nationaliste. Particulièrement xénophobe, il est aujourd'hui une plaie béante qui affecte l'image de la Serbie -déjà détériorée par des années de guerre- et qui porte atteinte aux plus hauts représentants du sport serbe, dont le numéro 2 mondial de tennis, Novak Djokovic. Au lendemain du piteux spectacle offert par les hooligans serbes lors du match Italie-Serbie, ce dernier déclarait : "ce n'est vraiment pas beau de voir ça. Surtout pour nous les personnes venant de Serbie, nous n'aimons pas du tout l'image que les supporters ont montrée". Tout est dit : espérons que les supporters serbes offrent un magnifique spectacle pour la réception de la France, lors de la finale de la Coupe Davis ...



Du grand art ...

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