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lundi 18 octobre 2010

Serge Dassault accusé de fraude électorale : la nécessité de repenser les conditions d'éligibilité aux mandats politiques


Serge Dassault, l'un des entrepreneurs les plus importants de France et directeur du groupe éponyme -qui regroupe notamment le Figaro et Dassault Aviation-, est à nouveau au coeur d'une polémique.

Après avoir porté atteinte à la liberté de la presse -il était intervenu afin que le Figaro ne publie pas certains articles défavorables à l'UMP- et au droit de grève -il avait fait part de son "admiration" quant à l'organisation du travail chinoise-, il revient à son premier amour : la corruption. Déjà condamné à deux ans de prison avec sursis en 1998, en Belgique, dans l'affaire Agusta, il est aujourd'hui accusé d'avoir organisé une fraude électorale massive, lors des élections municipales de Corbeil-Essonnes, en 2008.

Non content d'être l'une des fortunes de France les plus colossales, Serge Dassault s'est en effet lancé en politique, dès les années 1970. Après un premier échec, il devient maire de Corbeil-Essonnes en 1995, poste qu'il occupera jusqu'en 2009, année où le Conseil d'Etat décide d'annuler l'élection de 2008, jugée illégale pour cause d'irrégularités dans les comptes de campagne de la liste conduite par Serge Dassault. Par cette même décision, le Conseil d'Etat prononce son inégibilité à tout mandat municipal pendant un an.

Aujourd'hui, cette élection de 2008 revient sur le devant de la scène. En effet, un certain Mamadou, électeur de la cité des Târterets, affirme avoir reçu 100 000 euros de la part de Serge Dassault afin de convaincre les citadins de voter pour lui -voir ici-. Cette accusation a été immédiatement démentie par les proches de Serge Dassault qui, pour autant, ont annoncé qu'ils ne porteraient pas plainte pour diffamation -étrange ...-. Alors que les corbeilessonnois doivent se rendent aux urnes en décembre pour élir leur conseil municipal, le climat politique se révèle donc particulièrement malsain.

Au-delà, une question de première importance subsiste : comment Serge Dassault, entrepreneur majeur ayant des activités dans des domaines divers et variés -aéronautique, presse, domaine militaire, tourisme et même football-, condamné pour corruption dans un Etat étranger, peut-il briguer un mandat électoral et sénatorial ? Autrement dit, indépendamment des soupçons qui pèsent sur la probité de Serge Dassault, comment peut-il être toléré qu'un acteur imminent du secteur privé puisse agir dans la sphère publique, alors même que le risque de conflits d'intérêt est évident ? Il s'agit de l'un des points d'achoppement majeurs du système politique français. La collusion entre intérêts privés et mandat politique est devenue manifeste, comme le souligne la récente prolifération des scandales politiques, à l'image de l'affaire Woerth ou de l'affaire de Karachi. Seul l'établissement de critères d'éligibilité, interdisant le cumul de fonctions, sphères privée et publique confondues, pourra remédier à ce problème.

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