Comme prévu, la fin du moratoire sur le gel des implantations en Cisjordanie a, au minimum, ralenti les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens ; au pire, elle a marqué leur fin.
Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité palestinienne, a annoncé qu'il donnerait sa réponse quant à une éventuelle reprise des négociations avant le lundi 4 octobre et après consultation des Etats arabes. Il convient de rappeler qu'au début des négociations directes, Mahmoud Abbas avait prévenu que toute reprise de la colonisation provoquerait leur arrêt. Il doit aujourd'hui faire face à un choix cornélien : encore affaiblir le maigre poids de l'Autorité palestinienne dans les négociations en acceptant de discuter à nouveau avec Israël, alors même que la colonisation a repris ; ou quitter la table des négociations et être accusé de saborder la paix au Proche-Orient.
Malgré les efforts diplomatiques déployés par l'ensemble des tierces parties, en particulier par les Etats-Unis, la colonisation de la Cisjordanie a donc repris. La stratégie de Benjamin Netanyahou est à cet égard inquiétante. Comme le témoigne son offre de prolongation "partielle" du moratoire sur le gel des implantations en Cisjordanie, il joue un double jeu qui ne satisfait aucunement les protagonistes des négociations directes et qui menacent clairement leur poursuite.
Il faut reconnaître que le Premier ministre israélien est dans une situation apparemment délicate. Sur le plan interne, il doit gérer une coalition extrêmement nationaliste, symbolisée par le ministre des affaires étrangères Avidgor Lieberman -chef du parti Israel Beytenou, hostile à tout moratoire sur la colonisation et perçu par nombre de dirigeants politiques comme un obstacle au processus de paix au Proche-Orient-. Par ailleurs, l'opinion publique israélienne s'est aujourd'hui radicalisée. Elle n'est plus autant attachée à un accord de paix avec les Palestiniens qu'auparavant et elle soutient désormais massivement la colonisation en Cisjordanie. Par conséquent, dans une perspective purement électoraliste, Benjamin Netanyahou est obligé de prendre en compte ces deux facteurs.
Or, ces paramètres sont en totale contradiction avec ceux qui président à la recherche d'un compromis, qui permettrait d'apporter la paix à une région saignée par les conflits et la guerre depuis plus de soixante ans. Les diplomates ne s'y trompent pas ; c'est pourquoi, ils essayent d'exercer une pression sur Israël afin que le moratoire sur le gel des implantations en Cisjordanie se prolonge, à l'image de la prise de position publique de Barack Obama en faveur de cette idée.
Concrètement, cette pression est-elle efficace et suffisante ? Probablement pas, sinon elle aurait déjà abouti en un arrêt de la colonisation israélienne. Prenons les principales tierces parties une par une : l'Union européenne -UE- n'existe pratiquement pas sur le dossier israélo-palestinien, trop occupée par ses problèmes internes -les Roms notamment- et par son incapacité à être audible sur la scène internationale, du fait des querelles perpétuelles entre Etats et institutions européennes quant à savoir qui doit la représenter. La création de la fonction de Haut représentant pour les affaires étrangères et les politiques de sécurité de l'UE n'a pas eu les effets escomptés pour l'instant. Au lieu de simplifier la donne, elle a complexifié les rapports entre les Etats qui composent l'UE et cette dernière, chacun voulant tirer la couverture. En somme, l'UE et ses Etats brillent par leur absence et par leur immaturité. Les Etats arabes, comme à l'accoutumée malheureusement, sont insuffisamment solidaires des Palestiniens et se contentent de simples déclarations qui condamnent les violations du droit international par Israël. Leur désir de ne pas froisser l'un de leur principal partenaire économique -voire le principal pour certains-, à savoir les Etats-Unis, suffit à refroidir leurs ardeurs. Le symbole de cette désunion arabe est probablement l'organisation internationale qui la représente, la Ligue Arabe, dont les réussites se comptent probablement sur les doigts d'une seule main. Ne restent alors que les Etats-Unis ; car il s'agit bel et bien de l'acteur fondamental de ces négociations directes, qui peut amener Israël à infléchir sa position. Bien que Barack Obama ait substantiellement modifié la relation israélo-américaine, n'hésitant pas à prendre le contrepied et à critiquer publiquement son allié, les pressions exercées sur Israël demeurent beaucoup trop faibles face à la radicalisation de la politique israélienne. A titre d'exemple, un changement efficace et salutaire de le position américaine se serait traduit par un vote positif quant à la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur l'attaque de la flottille humanitaire qui se dirigeait à Gaza, en juin dernier. Or, les Etats-Unis avaient voté ... contre. Autrement dit, seules des pressions qui toucheraient aux intérêts vitaux d'Israël pourraient forcer l'Etat hébreu à baisser sa garde. Ses intérêts sont évidemment économiques, mais aussi militaires, dans la mesure où les Etats-Unis sont le premier fournisseur d'armes d'Israël. Cependant, il est illusoire d'attendre un tel durcissement de la politique américaine. Comme Benjamin Netanyahou, Barack Obama a ses propres enjeux électoraux, matérialisés par les élections de mi-mandat de novembre où les démocrates -parti du Président américain- sont donnés perdants. Or, si Barack Obama adoptait une posture plus dure sur la question israélo-palestinienne, il risquerait de mettre en difficulé les candidats de son parti. Ce ne serait donc pas porteur en termes de calcul politique.
Par conséquent, Benjamin Netanyahou demeure -presque- le seul maître du destin des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. Apparemment dans une situation délicate, il est en réalité dans une position de force, d'autant plus qu'il n'a cure de l'opinion publique internationale, clairement défavorable à Israël. Seul protagoniste qui pourrait mettre en difficulté le Premier ministre israélien, les Etats-Unis ne durciront pas leur ligne. Benjamin Netanyahou a donc le choix entre privilégier sa propre carrière politique ou prendre le virage de la paix. Dans le passé, rares sont les chefs d'Etat qui ont suivi la seconde voie, à l'instar de Mikhaïl Gorbatchev, qui a obtenu le Prix Nobel de la Paix en 1990 pour avoir précipité la fin de la Guerre Froide ... mais qui a aussi provoqué celle de la grande puissance soviétique. En attendant, le Premier ministre israélien peut continuer à ménager la chèvre et le choux, à faire miroiter à la "communauté internationale" qu'il souhaite parvenir à la paix, tout en autorisant une reprise "discrète" mais active de la colonisation. Echec et mat !
Malgré les efforts diplomatiques déployés par l'ensemble des tierces parties, en particulier par les Etats-Unis, la colonisation de la Cisjordanie a donc repris. La stratégie de Benjamin Netanyahou est à cet égard inquiétante. Comme le témoigne son offre de prolongation "partielle" du moratoire sur le gel des implantations en Cisjordanie, il joue un double jeu qui ne satisfait aucunement les protagonistes des négociations directes et qui menacent clairement leur poursuite.
Il faut reconnaître que le Premier ministre israélien est dans une situation apparemment délicate. Sur le plan interne, il doit gérer une coalition extrêmement nationaliste, symbolisée par le ministre des affaires étrangères Avidgor Lieberman -chef du parti Israel Beytenou, hostile à tout moratoire sur la colonisation et perçu par nombre de dirigeants politiques comme un obstacle au processus de paix au Proche-Orient-. Par ailleurs, l'opinion publique israélienne s'est aujourd'hui radicalisée. Elle n'est plus autant attachée à un accord de paix avec les Palestiniens qu'auparavant et elle soutient désormais massivement la colonisation en Cisjordanie. Par conséquent, dans une perspective purement électoraliste, Benjamin Netanyahou est obligé de prendre en compte ces deux facteurs.
Or, ces paramètres sont en totale contradiction avec ceux qui président à la recherche d'un compromis, qui permettrait d'apporter la paix à une région saignée par les conflits et la guerre depuis plus de soixante ans. Les diplomates ne s'y trompent pas ; c'est pourquoi, ils essayent d'exercer une pression sur Israël afin que le moratoire sur le gel des implantations en Cisjordanie se prolonge, à l'image de la prise de position publique de Barack Obama en faveur de cette idée.
Concrètement, cette pression est-elle efficace et suffisante ? Probablement pas, sinon elle aurait déjà abouti en un arrêt de la colonisation israélienne. Prenons les principales tierces parties une par une : l'Union européenne -UE- n'existe pratiquement pas sur le dossier israélo-palestinien, trop occupée par ses problèmes internes -les Roms notamment- et par son incapacité à être audible sur la scène internationale, du fait des querelles perpétuelles entre Etats et institutions européennes quant à savoir qui doit la représenter. La création de la fonction de Haut représentant pour les affaires étrangères et les politiques de sécurité de l'UE n'a pas eu les effets escomptés pour l'instant. Au lieu de simplifier la donne, elle a complexifié les rapports entre les Etats qui composent l'UE et cette dernière, chacun voulant tirer la couverture. En somme, l'UE et ses Etats brillent par leur absence et par leur immaturité. Les Etats arabes, comme à l'accoutumée malheureusement, sont insuffisamment solidaires des Palestiniens et se contentent de simples déclarations qui condamnent les violations du droit international par Israël. Leur désir de ne pas froisser l'un de leur principal partenaire économique -voire le principal pour certains-, à savoir les Etats-Unis, suffit à refroidir leurs ardeurs. Le symbole de cette désunion arabe est probablement l'organisation internationale qui la représente, la Ligue Arabe, dont les réussites se comptent probablement sur les doigts d'une seule main. Ne restent alors que les Etats-Unis ; car il s'agit bel et bien de l'acteur fondamental de ces négociations directes, qui peut amener Israël à infléchir sa position. Bien que Barack Obama ait substantiellement modifié la relation israélo-américaine, n'hésitant pas à prendre le contrepied et à critiquer publiquement son allié, les pressions exercées sur Israël demeurent beaucoup trop faibles face à la radicalisation de la politique israélienne. A titre d'exemple, un changement efficace et salutaire de le position américaine se serait traduit par un vote positif quant à la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur l'attaque de la flottille humanitaire qui se dirigeait à Gaza, en juin dernier. Or, les Etats-Unis avaient voté ... contre. Autrement dit, seules des pressions qui toucheraient aux intérêts vitaux d'Israël pourraient forcer l'Etat hébreu à baisser sa garde. Ses intérêts sont évidemment économiques, mais aussi militaires, dans la mesure où les Etats-Unis sont le premier fournisseur d'armes d'Israël. Cependant, il est illusoire d'attendre un tel durcissement de la politique américaine. Comme Benjamin Netanyahou, Barack Obama a ses propres enjeux électoraux, matérialisés par les élections de mi-mandat de novembre où les démocrates -parti du Président américain- sont donnés perdants. Or, si Barack Obama adoptait une posture plus dure sur la question israélo-palestinienne, il risquerait de mettre en difficulé les candidats de son parti. Ce ne serait donc pas porteur en termes de calcul politique.
Par conséquent, Benjamin Netanyahou demeure -presque- le seul maître du destin des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. Apparemment dans une situation délicate, il est en réalité dans une position de force, d'autant plus qu'il n'a cure de l'opinion publique internationale, clairement défavorable à Israël. Seul protagoniste qui pourrait mettre en difficulté le Premier ministre israélien, les Etats-Unis ne durciront pas leur ligne. Benjamin Netanyahou a donc le choix entre privilégier sa propre carrière politique ou prendre le virage de la paix. Dans le passé, rares sont les chefs d'Etat qui ont suivi la seconde voie, à l'instar de Mikhaïl Gorbatchev, qui a obtenu le Prix Nobel de la Paix en 1990 pour avoir précipité la fin de la Guerre Froide ... mais qui a aussi provoqué celle de la grande puissance soviétique. En attendant, le Premier ministre israélien peut continuer à ménager la chèvre et le choux, à faire miroiter à la "communauté internationale" qu'il souhaite parvenir à la paix, tout en autorisant une reprise "discrète" mais active de la colonisation. Echec et mat !
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