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mardi 24 août 2010

Quand une satire sur Nicolas Sarkozy devient une info mondiale

Il y a quelques jours, un blogueur -Ahmed- écrivait un petit billet à propos de Nicolas Sarkozy et du ramadan. Comme à son habitude, Ahmed a pris un ton léger pour traiter ce sujet et a rédigé un faux discours de Nicolas Sarkozy, empli d'ironie. Il fait notamment dire au Président de la République : "mes chers concitoyens, le musulman français est français avant d'être musulman. Aussi, la vieille tradition du petit-déjeuner matinal avec café et croissant ne devrait pas être abandonnée -sous-entendu, pendant le mois du ramadan- [...] Mes chers concitoyens, nous avons en commun la langue française. Aussi, le musulman français, comme ses compatriotes, doit lire son livre Saint -le Coran- en français. J'invite donc tous les imams en France à lire le Coran et à prier en français pour que l'islam devienne une religion française".

Seul petit problème, ce texte a été pris au premier degré par plusieurs médias internationaux. Ainsi, la version arabe de CNN en a fait un scoop, le publiant en première page et commentant avec virulence le pseudo discours de Nicolas Sarkozy. De nombreux sites et blogs du monde arabe ont critiqué cette déclaration, le mouvement égyptien des Frères musulmans parlant "d'agression contre la foi musulmane" et appelant à "poursuivre Sarkozy pour atteinte à la liberté de culte".

De même, certains journaux ont publié un article dans leur édition quotidienne, à l'instar de Adustour -journal jordanien- ou al-Dar -koweïtien-. Mais la palme revient à la chaîne panarabe Al-Arabya qui a carrément effectué un reportage sur la question -vidéo ci-dessous-.

Que traduit une telle série d'évènements ? Deux points peuvent être relevés :
- premièrement, un manque de professionnalisme criant de la part des différents médias qui n'ont pas pris la peine de vérifier la véracité de l'information, se fiant uniquement à la renommée de la chaîne qui avait popularisé cette pseudo info, à savoir CNN -qui, au passage, n'avait pas cité sa source, c'est-à-dire le blog Alash d'Ahmed- ;
- de manière plus substantielle, le fait que cette satire ait pu passer pour une info réelle souligne bien l'image renvoyée par Nicolas Sarkozy -et indirectement par la France- à travers le monde, plus spécifiquement à travers le monde musulman. Ainsi, il est devenu plausible que le Président Sarkozy veuille réformer le ramadan à la sauce française et faire de l'islam "une religion française". Autrement dit, Nicolas Sarkozy est perçu comme un dirigeant qui n'hésite pas à bafouer les libertés et droits fondamentaux -la liberté de culte dans le cas présent- et à mettre en place des mesures qui traduisent un relent xénophobe -anti-musulman en l'espèce-. Il est évident que l'impression d'improvisation totale qu'il a dégagé, ces derniers temps, dans la gesion des dossiers sécuritaires, en compagnie de son cher gouvernement et de sa tendre UMP, a nettement écorné son image, déjà ternie par d'innombrables bavures - discours de Dakar sur l'Homme africain, le nettoyage au karcher des caïds de banlieue , "casse toi, pauvre con!" etc. etc ...-. L'escalade sécuritaire, caractérisée par une surenchère d'annonces médiatiques et par la prise à parti d'une communauté, à savoir celle des roms, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les inquiétudes, critiques et condamnations des médias et politiques étrangers quant aux dérives du gouvernement français -violation des Droits de l'Homme, amalgames entre immigration et délinquance notamment- ont fusé. Symbole d'un échec, les voix discordantes et les silences se font de plus en plus nombreux au sein de la majorité. A l'inverse, le Président Sarkozy et ses derniers soldats refusent de se rétracter et s'enferment dans une solitude qui ne peut leur être que néfaste. Malheureusement, leur comportement insensé, déraisonnable et guidé par le calcul politique véhicule l'image d'une France repliée sur elle-même, où le vivre-ensemble n'a plus grande signification, car écrabouillé par un discours politique profondément grossier et populiste. La preuve : même une blague d'un blogueur peut désormais être assimilée à une mesure gouvernementale ... Voilà où en est réduit Nicolas Sarkozy et toute sa team.



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