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dimanche 29 août 2010

Maroc : le ramadan en question ?


Au Maroc, pour la deuxième année consécutive, se pose la question de ne pas effectuer le jeûne pendant le ramadan. L'année dernière, un collectif avait organisé une rupture du jeûne, à midi, dans un lieu public, pour faire valoir le principe de liberté de conscience. La police était alors intervenue et avait interpellé tous les protagonistes.

Interpellation, car en vertu de l'article 222 du code pénal marocain, "celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni d'emprisonnement d'un à six mois". Ne sont pas concernés par cet article les différentes minorités non musulmanes, notamment les juifs, ainsi que les étrangers non musulmans.

Cette année, Najib Chaouki et son mouvement "marocains pour le droit de ne pas jeûner pendant le ramadan" ont lancé un débat sur les "dé-jeûneurs", c'est-à-dire les marocains présumés mususlmans qui ne souhaitent pas effectuer le ramadan. Najib Chaouki a précisé sa pensée afin d'éviter tout amalgame : "ce groupe n'appelle pas au non-jeûne du ramadan, mais défend les dé-jeûneurs comme faisant partie de la société marocaine ayant le droit d'exercer leur liberté de ne pas observer le jeûne".

Autrement dit, Najib Chaouki défend le droit pour les marocains présumés musulmans d'exercer leur liberté de conscience, telle que garantie par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques -son article 18 dispose notamment que "toute personne a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé".

Néanmoins, le débat public n'a pas véritablement eu lieu au Maroc, car fustigé d'emblée par la plupart des commentateurs. Il s'est ainsi déroulé sur la toile, notamment sur Facebook, où plus de 1200 personnes ont rejoint le groupe crée par Najib Chaouki pour discuter de la question.

Au-delà, la suppression de l'article 222 du code pénal marocain, qui ne peut de toute manière résoudre la problématique relative à la pratique religieuse dans la sphère privée, n'est que le reflet d'une aspiration profonde à plus de libertés.

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